29/04/2011

De l'art de la liste...


-          Trois pommes de terre (une pour la purée, une pour les frites, une pour la soupe)
-          pâtes pseudo italiennes qui font marrer les Italiens
-          riz thaï ou fukushimien
-          beurre bio qui ne sent pas trop le beurre
-          chocolat un peu amer mais pas trop non plus sinon éternuement garanti
-          bonbons « c’est beau la vie »
-          crème dépilatoire qui durera environ trois ans
Vous avez passé environ une demi-heure à préparer cette liste de courses avec amour. Rien ne doit être oublié, il en dépend de votre vie, voire de votre survie (ben oui désolée, on ne vit pas sans bonbons gluants, collants, artificiels et qui collent aux dents). Un sac non jetable et c’est parti.
Quelques heures plus tard… Bilan des courses : une nouvelle brosse à dent qui permet de se brosser la langue plus efficacement, le DVD de la version longue numéro trente du Seigneur des Anneaux et ses bonus de quinze heures, une boîte de lait concentré de comme quand vous étiez petite… et un raton laveur (oups !). Avez-vous la légère impression que vous avez loupé un truc ? C’est normal. C’est à ça que servent les listes : à oublier ce qu’il y avait de plus important. Alors, oui pour les courses, cela présente quelques désavantages, mais pour le reste, c’est magique.
Voici donc le pourquoi du comment vous devez vous obliger à pratiquer l’art de la liste… ouuuuh quel mystère.
La liste, à l’origine, est une petite bande. Et vous constaterez, puisque vous avez déjà créé des tas de listes sans vous en apercevoir, qu’elles sont généralement rédigées sous la forme d’une colonne avec un petit tiret devant. Rien d’extraordinaire là-dedans. Boarf quelle déception, nous sommes tous pareils. Voici pour la forme.
Mais le secret demeure dans la magie et l’efficacité de la liste : elle est mieux qu’un pense-bête. C’est une purge. Vous avez un souci à évacuer, un programme surchargé qui dévore votre cerveau et vous empêche de jouir de la vie ? Faites des listes. Des griefs contre vos collègues, les plus grands malheurs du monde, des enfants bordéliques et qui brouillent votre sérénité ? Faites des listes. Votre chérichou a encore accumulé des fautes impardonnables (il a jeté son caleçon sale sur le plancher… à trente centimètres de la corbeille à linge…), vous avez envie de changer de vie et de tout foutre en l’air, vous venez de vous faire plaquer et le monde ressemble à un maelström ? Faites des listes.
L’intérêt réside en cela que votre petit cerveau n’est pas en mesure de travailler 24h/24h. Non, laissez lui un peu de repos. Le jour où nous ressemblerons à des extra-terrestres avec grosse tête et doigts tout fins, alors oui on pourra arrêter. Mais pour le moment, halte à la torture.
Comment procéder ? Prenez une jolie feuille de papier (sauf pour les courses parce qu’en général, cette liste, on la fait sur un bout de papier qui traîne, parfois même un ticket de métro, et on l’oublie sur la table en partant !). Donc une jolie feuille. Là, faites toujours, vous entendez bien, TOUJOURS, deux colonnes. Une pour les aspects positifs (oui, oui, vous verrez que même pour le slip sale, vous trouverez un point positif) et une autre pour les négatifs. Et libérez votre esprit… Lâchez-vous, ça coûte moins cher qu’un psy et c’est parfois tout aussi efficace !
En quelques minutes, le poids qui pesait sur vos petites épaules fatiguées va s’alléger. Une fois cette double-liste établie, relisez-la. Complétez-la si besoin est. Et cherchez à positiver les points négatifs. Faites-en des atouts, des forces (mais si, mais si, c’est possible). Une fois ce travail achevé, rangez cette liste dans un petit cahier ou un petit dossier. Vous ne la relirez peut-être pas, mais vous savez qu’elle est là. Si vous entendez une petite voix intérieure hurler « Mercciiii » et que vous avez l’impression que vos neurones entrent dans une danse folle, c’est normal. Le cerveau est toujours reconnaissant quand on le débarrasse de ses impuretés. Et rendez-vous compte, en archivant cette liste, et si par cas elle ne disparait pas en même temps que vous, elle donnera la chance aux générations futures de comprendre quels étaient les psychoses de leurs ancêtres.
En pratiquant l’art de la liste, vous vous faites donc du bien et vous contribuez peut-être aux avancées futures de l’ethno-psycho-socio-philo connaissance de l’être humain !

PS : on fait la liste des milliards de trucs à faire le lendemain (vidanger la voiture à la main, faire comprendre la leçon du passé composé à votre enfant, préparer un repas pour 100 personnes, les courses, payer les impôts, etc.) le soir avant de se coucher. Une liste avec des catégories bien définies dont, une, seulement pour vous  et avec obligation de réaliser au moins une de ces actions: se faire masser, lire trois pages de son livre, glandouiller en regardant les dessins que forment les nuages.
Pensez à vous et bonne zénitude !